Comment bien nourrir son cheval ?

Rendre son cheval heureux passe par un mode de vie adapté. L’alimentation en particulier est une priorité chez votre herbivore qui mange plus de 17h par jour au naturel. Le stationnement en écurie est à bien des égards contradictoire avec les besoins fondamentaux des équidés en matière de nourriture : rationnement, attente, statisme et absence de variété. Tout ce qui risque d’entraîner du stress et des carences physiques comme morales. Alors, comment bien nourrir son cheval ? C’est la question sur laquelle Cheval de fille se penche aujourd’hui. C’est parti.

Généralités pour bien nourrir son cheval

Pour bien nourrir son cheval, il est important de comprendre comment il fonctionne à l’état naturel. Bien qu’en captivité depuis des milliers d’années, il n’en garde pas moins un rythme biologique qu’il faut respecter pour lui éviter mal-être et fragilités. À vous d’adapter un maximum ses besoins fondamentaux à la vie en écurie.

L’importance de la mastication chez le cheval

Le cheval est un herbivore qui pratique une mastication longue et minutieuse (environ 17h/jour à l’herbe contre 3 à 4h au box). S’il mange à volonté, il produit entre 35 et 40 litres de salive journalière, ce qui facilité la déglutition et diminue l’ACIDITÉ GASTRIQUE (responsable des ulcères). En effet, la salive permet à l’estomac de fabriquer de la pepsine et des sucs gastriques qui vont favoriser la digestion enzymatique et détruire les germes pathogènes. 

En vieillissant, l’angle de sa mâchoire se resserre, ce qui signifie qu’il a de plus en plus de mal à mastiquer ses rations en quantité importante. Il lui faut nécessairement plus de temps et de tranquillité pour qu’il garde de l’état. 

Le système digestif de Dada

Dada possède un tout petit estomac et de très longs intestins. L’intestin grêle fait 25m de long, le gros intestin représente 60% du volume du tube digestif et le caecum fait plusieurs dizaines de kilos ! L’estomac de votre Dada est un tout petit bain d’acide qui se vidange en permanence (toutes les 30 sec environ).  À l’entrée se trouve un clapet anti retour, le cardia, qui empêche le cheval de régurgiter et même de roter. À la sortie, c’est le pylore, qui au contraire s’ouvre très fréquemment pour évacuer les déchets. En cas de pépin digestif, votre compagnon n’a donc qu’une voie de sortie : l’anus. 

À l’herbe, le système digestif du cheval ne connaît aucune interruption. Le cas échéant, l’attente crée du stress qui entraîne une moins bonne salivation. Voilà comment sont créés les ulcères. Il faut donc lui éviter un maximum de rester sans manger. « Au bout d’1h sans manger, le cheval est en inconfort. Au bout de 3h, il est en souffrance. » explique Pascal Frotiée, le créateur des premières écuries actives de Normandie, à Lisors.

Les modes d’alimentation au naturel

Le cheval est un animal sélectif avec des lèvres mobiles et hypersensibles. Contrairement à une vache, il ne peut ingérer de corps étrangers par erreur. Pour obliger le cheval à manger plus lentement, certains professionnels mettent des cailloux dans la ration. Bon, le filet à foin marche aussi ! 

À l’état naturel, le cheval sait parfaitement identifier la valeur nutritive des végétaux. C’est aussi la raison pour laquelle les prés ne sont jamais tondus de manière égale : votre compagnon à ses coins fétiches. En général, un cheval mange à son rythme ce dont son organisme a besoin. À l’état sauvage, même les poulains évitent les plantes toxiques. C’est le stress, la précipitation engendrée par la faim et l’auto-méconnaissance en captivité qui font faire à votre équidé de graves erreurs d’appréciation. Autant donc, le plus possible, le maintenir en lien avec son milieu naturel même avec un mode de vie sport.

Quels aliments pour bien nourrir son cheval ?

Du fourrage, encore et encore

Faudra-t-il encore le dire ? Du foin à volonté, c’est la base. Très difficile à défendre économiquement dans les écuries et les centres équestres car les aliments sont chers (comme la main d’œuvre pour le distribuer). Pourtant, même des grosses patelles laissent votre cheval de longues heures sans manger, notamment pendant la nuit (au moins 5h), ce qui crée irréductiblement un inconfort majeur. 

La solution sont multiples :

• le filet à foin pour obliger votre compagnon à manger lentement ; 
• la distribution de petites quantités fractionnées 3 à 4 fois/jour ; 
• l’automatisation de la distribution ;
• la répartition des points d’alimentation aux quatres coins du paddock.

La qualité du foin est aussi très importante. Même si l’aspect et l’odeur sont agréables, l’œil seul ne peut deviner la valeur nutritionnelle du fourrage. Il est donc important de le faire analyser régulièrement.  

Le poste foin est clairement la dépense sur laquelle il ne faut pas faire d’économie pour faire des économies…

De l’énergie oui, de l’amidon non !

L’estomac présente un PH de 4 à 6 selon l’heure du repas. Alors que les fourrages seront vite assimilés, les céréales vont séjourner plus longtemps dans l’estomac. risquant de causer de l’acidité. De plus, l’amidon naturellement contenu dans les céréales va se transformer en glucose, énergie dont le cheval de sport aura besoin. En revanche, en trop grosse quantité, l’amidon résiduel dans l’intestin grêle est une des sources les plus pathogènes chez le cheval (responsable des coliques et de la fourbure par exemple). 

Beaucoup de spécialistes divergent sur la question des céréales. Pourtant, au naturel, les chevaux consomment des céréales et en tirent bénéfice. D’un point de vue scientifique, c’est surtout une alimentation riche associée au manque d’exercice qui peut poser problème. Quelques marques d’aliments haut de gamme privilégient les fibres pour une meilleure digestibilité comme les compléments Husse. De quoi garder votre cheval en parfait état et plein d’énergie sans risquer un inconfort digestif ! 

Les aliments fibrés pour bien nourrir son cheval

Il est important de donner des aliments fibrés pour adoucir la digestion de Dada. De temps à autre, rien de tel qu’un mash chaud pour créer un cataplasme gastrique et réconforter l’estomac de votre compagnon. 

Vous voulez une recette ? Pour un cheval adulte :

→ 100 gr de lin cuit (attention sinon toxique) ; 

→ 100 gr de betterave fourragère réhydratée (bien mettre de l’eau sinon gonfle dans l’estomac) ;

→ 5 bouchons d’huile ISIO 4 pour les acides gras et oméga 3 ; 

→ des morceaux de 2 pommes et 4 carottes pour les vitamines et minéraux ; 

→ du miel pour le bon sucrant et le plaisir ! 

Et voilà. Au besoin, vous pouvez effectuer le calcul des UFC (unité fourragère par cheval) pour plus de précision. 

Possible de bien nourrir son cheval sans se ruiner ? 

Bien nourrir son cheval, c’est éviter de nombreuses dépenses superflues JUSTEMENT. En termes de santé, il y a de grandes chances que ça vous évite bien des tracas, surtout associé à un mode de vie adapté. Sans vous faire la morale, c’est vraiment le pôle sur lequel on ne peut pas faire des économies au risque de dépenser des fortunes en soin. De plus, à la saison froide, le manque de nourriture entraîne souvent de grosses baisses de moral dans la cavalerie accompagné de comportements agressifs. Des estomacs bien remplis éviteront conflits, ruades et manque d’envie au travail. 

L’idéal pour bien nourrir son cheval sans se ruiner ? Une balle ronde dans les parcs, même de foin grossier et un seau de minéraux. Si Dada mange tout, c’est qu’il en avait besoin ! 

Et voilà, vous arrivez à la fin de cet article « Comment bien nourrir son cheval ? » Nous espérons qu’il vous sera utile pour prendre soin de votre compagnon. L’essentiel, c’est qu’il soit bien dans ses sabots ! 

Charlotte Allinieu

 

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