Combien coûte un cheval de CSO ?

Ça fait un moment que vous y pensez et bientôt, vous faites le grand saut et vous acheter LE CHEVAL DE VOTRE VIE. Mais seulement voilà, vous ne connaissez pas du tout le marché et les bons conseilleurs ne sont pas les payeurs. Si en 2023 les prix augmentent, les réseaux sociaux ont démocratisé l’idée selon laquelle on peut tout obtenir pour rien. Mais pas vous. Si vous êtes là, c’est que vous savez donner du corps à vos ambitions et que vous avez les idées claires. Bravo ! Voici donc des critères simples pour savoir combien coûte un cheval de CSO, amateur, classique et sain. Avant d’arriver à la réponse, on peut déjà faire un calcul simple.

Le prix d’un cheval est la combinaison de 3 facteurs

Pour connaître avec certitude combien coûte un cheval de CSO, il faut combiner 3 facteurs. Découvrez-les tout de suite.

1. Un cheval vaut au moins le prix qu’il a coûté à l’entretien

Dit comme ça, ça peut paraître évident, mais un cheval vaut au moins ce qu’il a coûté à l’entretien. Autrement dit pour venir au monde, être élevé, éduqué puis valorisé. Et comme « acheter, c’est voter », si on achète pas cher, on vote pour des conditions d’élevage médiocres. Avis aux amateurs de low cost, il est malvenu d’être un fervent défenseur de la cause animale sur les réseaux, tout en achetant son cheval en dessous du minimum qu’il faut pour le nourrir et le soigner. (Relisez la phrase 💜) Croyez-moi, dans un élevage où les poulains coûtent 5000 € à 3 ans, il faut en produire des centaines par an pour être rentable et quand ça coince, on ne fait pas dans le sentiment…

Alors, quels sont les dépenses basiques pour un poulain de 6 mois ?

• L’achat de la poulinière divisé par le nombre de poulains à venir ;
• Un pourcentage des installations et des technologies dans lesquelles il a fallu investir (easy foal, banque de colostrum, barre de saillie, box de poulinage, prés clôturés) ;
• La saillie, les frais techniques, l’hébergement de la jument au centre d’insémination, les transports ;
• Les soins élémentaires et la nourriture (dont les coûts ont doublé).

On arrive à une moyenne de 5000 € ttc à 6 mois. Nota bene : si un éleveur vous vend un poulain à ce prix, IL NE PAYE PAS SON TRAVAIL. C’est l’objet du point suivant.

2. Un cheval vaut le travail de son vendeur

Un cheval vaut le travail de son vendeur. C’est-à-dire ? L’expertise nécessaire pour mener à terme la croissance ou la valorisation de nos protégés dans les meilleures conditions. Si l’acheteur ne lésine pas sur ses objectifs et ses exigences, il est logique qu’il existe une symétrie réaliste au niveau du prix. Et puis, un peu d’empathie, quand il s’agit de défendre nos propres intérêts, on trouve toujours les arguments. Alors, pour calcul, prenons le taux horaire d’un smicard, soit 8,47 net (prix oh combien insuffisant pour vivre, vous en conviendrez). Faire grandir un cheval jusqu’à ses 3 ans vaudrait au minimum 1460h à raison de 1h par jour soit 12 366 €, si on prend le taux horaire du smic. Comme ce chiffre est irréaliste, on compte généralement 2 à 4k en plus du coût de revient du poulain, soit un taux horaire de 1,5 € à 3 € pour l’éleveur (s’il n’y a pas blessure ou maladie du poulain).

« Oui mais un professionnel de cheval vit de sa passion et comme c’est une vocation, c’est normal que ce soit moins cher ». AAAAAHHHHHH ET BIEN JUSTEMENT, UN SERVICE EXERCÉ AVEC PASSION EST LE MEILLEUR DES SERVICES !

Ce qui nous amène au point suivant.

3. Un cheval coûte la valeur qu’on veut bien lui prêter

Cette règle vaut pour n’importe quel produit et c’est LA PLUS GROSSE VARIABLE D’UNE VENTE. En gros, la valeur d’un bien dépend de facteurs fluctuants comme le cours du marché, le coût de production à un moment donné, l’offre, la demande et la rareté qui en découlent, la côte et la popularité du vendeur, etc. C’est la raison pour laquelle un prix est une simple base à un instant T.

En outre, la valeur ajoutée la plus importante est celle que nous, acheteur, nous projetons sur notre achat. Elle dépend en grande partie de notre perception et de nos ÉMOTIONS. C’est un fantasme qui déforme la réalité, dans un sens comme dans l’autre. Si le produit est très demandé, la concurrence peut faire grimper les prix arbitrairement, alors que la qualité du cheval reste la même. À l’inverse, un cheval mal pansé au fond d’un pré avec un potentiel incroyable pourra être sous-coté. Pour répondre précisément à ses objectifs quand on achète un cheval, il est important d’aiguiser son jugement pour faire coïncider ses critères avec ses moyens.

Disclaimer, la « perle rare » demandée sur les groupes de vente Facebook n’existe pas, c’est juste une occasion de faire du marketing. La valeur d’un cheval se construit sur le long terme, à force de patience, d’expertise et de chance. À moins qu’on ait les arguments financiers pour assumer ses fantasmes, il vaut mieux savoir faire coïncider la valeur réelle avec la valeur perçue. Croyez-moi, quand votre équidé sera bon, vous le trouverez beau.

Combien coûte un cheval de CSO dit « bon plan » ?

Avant toute chose, un « bon plan » est toujours le mauvais plan de quelqu’un d’autre. La baisse d’un prix signifie une perte concrète, assumée par de vraies personnes. Notre « bon plan » peut valoir la galère d’un professionnel qui, à défaut d’être compétent, peine à sortir la tête de l’eau parce qu’il a du mal à défendre ses prix.

Bien-sûr, il y a des cas particuliers où une opportunité peut l’être DANS LES 2 SENS.

Dans le cas où :

• le cheval est blessé ou à une visite vétérinaire avec des réserves ;
• le cheval n’a pas un top look (une tête busqué, un dos ensellé) ;
• le cheval n’est pas toutes mains, voire rétif et demande patience + expertise + suivi ;
• le cheval est à déclasser ;
• le cheval est âgé ou en pré-retraite ;
• l’éleveur vend + de 100 chevaux/an, avec des tarifs de gros auprès de ses fournisseurs et peut vivre avec une petite marge sur chacun multiplié par 100 ;
• le cheval provient des pays de l’Est où le niveau de vie est très bas (attention aux mauvaises surprises !) ;
• le vendeur est amateur, n’a pas besoin de ça pour vivre et accepte de son plein gré de vendre moins cher ;
• le cheval est à vendre aux enchères suite à une faillite ou à un arrêt d’activité.

Alors, combien coûte un cheval de CSO ? « Pas cher, car moi j’ai acheté mon Loulou 2 francs cinquante et j’en suis super contente ». Si c’est vous qui avez dit ça, relisez ATTENTIVEMENT ce qui précède, nous on vous attend un peu plus bas.

Comment on fait si on n’a pas le budget ?

Répondons à une question par une autre question. Qu’est-ce qui se passe à la caisse du supermarché quand on n’a pas le budget ? Réponse A : On dit à la caissière qu’on n’a pas le budget et elle nous fait une remise ? Réponse B : On va reposer les articles dont on n’a moins besoin pour faire baisser le total ? Réponse C : On demande à son chéri de nous prêter des sous ? Réponse D : On poste une gueulante sur Facebook pour inviter au boycott du supermarché ? Bref, question rhétorique, vous voyez le topo.

« Mais ça n’a rien à voir » OUI EN EFFET, l’enjeu n’est pas du tout le même : acheter un cheval, ce n’est pas vital, faire ses courses oui. Du coup, la bonne nouvelle, c’est  que quand on veut un cheval et qu’on n’a pas le budget, il n’y a pas mort d’homme et on a le temps de réfléchir.

De multiples solutions existent pour pouvoir s’offrir le compagnon de ses rêves :

• Profiter de ses anniversaires pour ouvrir des cagnottes ;
• Mettre de côté et faire des bons choix de consommation tout au long de l’année ;
• Baisser ses exigences ou revoir ses critères à la baisse ;
• Faire un crédit à la consommation (ce sera toujours moins cher qu’une location) ;
• Devenir professionnel et échanger du travail contre une réduction sur un cheval (chez un éleveur ou un cavalier) ;
• Regardez à nouveau la liste « Cas particulier pour dénicher un bon plan » ci-dessus.

Et puis sinon, on répond à votre question initiale tout de suite.

Alors concrètement, combien coûte un cheval de CSO ?

Comme expliqué précédemment, ce qui va suivre sont les prix actuels de 2023 et ils vont nécessairement évoluer. Mais si on peut vous aider à y voir plus clair, c’est tant mieux.

Alors concrètement, combien coûte un cheval de CSO ? On va partir sur les tarifs les plus courants en additionnant (A) le coût de reviens (B) le bénéfice de l’éleveur et (C) une valeur perçue raisonnable. On parle de CHEVAUX AMATEURS BONS ET CLASSIQUES, pas des avions de chasse pour les catégories pros et pas les robes rares non plus.

Roulements de tambours.

• Un poulain de 6 mois sera annoncé entre 5K et 12 K
• Un 3 an débourré ou pas : entre 7K et 15 K
• Un 4 an enchaînant des parcours en cycle libre sereinement : entre 10 K et 15 K
• Un 4 an en cycles classiques entre 15 K et 25 K

Attention après 5 ans, les prix s’envolent car les dépenses éclatent, les compétences comme les investissements sont plus importants et la valeur perçue change (les poulains se font beaux, leur potentiel se révèle et ils sont vus sur les terrains, ce qui fait éclater l’urgence d’acheter). Parallèlement, d’autres chevaux qui faisaient rêver plus jeunes et son moins spectaculaires sur les terrains baissent en gamme. C’est donc l’occasion d’acheter un cheval à construire un peu moins cher.

Pour vous faire une idée, entre 5 ans à 9 ans, un bon cheval avec une bonne visite est difficilement en dessous de 15 k et peut monter jusqu’à 35 k avec un potentiel amateur élite. Après 10 ans, le prix baisse un petit peu.

Un tarif un peu plus bas peut-être justifié par les raisons évoquées dans la section « Bons plans » ou pour d’autres raisons comme :

• l’utilisation d’un étalon maison, donc saillie moins chères ;
• des installations amorties depuis longtemps ;
• une quantité importante de naissances ;
• un coût de revient moindre (l’herbe de l’Auvergne n’est pas l’herbe du Vaucluse),
• ou tout simplement, l’inconscience qu’on est en dessous du prix (Big up à certains amis professionnels qui se sous-cotent).

C’est presque finit, car voilà, on peut ajouter LES INTERMÉDIAIRES dans l’équation. Sans eux, il n’y a parfois pas de rencontre entre les acheteurs et les vendeurs, donc leur travail est essentiel. Alors, combien coûte un cheval de CSO avec un intermédiaire ?

Quel prix prend un intermédiaire pour la vente d’un cheval ?

Un intermédiaire prend généralement 10 % sur la vente d’un cheval. Il est d’usage que le coach qui accompagne son élève prenne également une commission comprise entre 5 et 10 %. Dans le cas d’un achat à un marchand indépendant, il est possible de payer son cheval jusqu’à 40 % plus cher, pour les recherches très ciblées. Si le service rendu en vaut effectivement la chandelle, aucun problème avec ça. Mais si vous n’étiez pas prévenu, n’hésitez pas à demander les détails. Je me mets personnellement d’accord sur la commission avec le vendeur en amont pour éviter les surprises.

Les sociétés de ventes groupées prennent évidemment plus cher, car il y a toute une organisation, des infrastructures et des professionnels à financer. La cession au plus offrant d’une vente aux enchères donne en théorie droit à une sécurisation juridique plus forte en cas de pépin. Mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

Il y a des vendeurs qui abusent sur le coût des chevaux ?

Bien que je sois dans la catégorie acheteur, je trouve que les abus vont dans les 2 sens. C’est vrai, les professionnels qui manquent d’honnêteté, ça existe. Certains sont d’excellents marketeurs qui travaillent la valeur perçue avec talent et qui voient arriver les petites cavalières fortunées à plein nez. 3 belles paroles, un peu de rêve et emballé c’est pesé. En même temps, quand on peut se permettre d’avoir comme critère principal la beauté de Dada ou la robe, on tend le bâton pour se faire battre.

Un conseil d’ami, préférez LE FOND À LA FORME (les alezans, c’est formidable). Faites travailler l’éleveur consciencieux, qui offre une vraie vie de cheval à ses produits, même s’ils sont en pleine mue au fond du champs et que c’est moins glamour qu’à l’easy shine sur les terrains. On vous garantit que quand votre compagnon sera bon, vous le trouverez beau !

Voilà, vous devez maintenant savoir exactement combien coûte un cheval de CSO. Pour conclure cet article, il nous reste à vous dire qu’il vaut mieux optimiser 25 K par la satisfaction qu’on en tire que de gaspiller 7 K en frustrations et en déceptions. Le mieux étant en effet de ne pas gaspiller 25 K. Mais comme on récolte généralement ce que l’on sème, il y a fort à parier qu’un esprit clair sur la question des moyens vous mènera plus vite à vos objectifs. Sinon, bienvenue dans la belle aventure qu’est de devenir propriétaire.

Charlotte Allinieu

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