Les petits chevaux qui ont marqué le grand sport
Quelques cavaliers portent dans leur cœur un petit cheval de légende au mental incroyable. En effet, quand les professionnels équestres se confient, les équidés de moins d’1m60 sur lesquels personne n’aurait misé reviennent souvent sur le devant de la scène. C’est pas la taille qui compte ! Et oui, souvent, les « poneys hors-côte » ont un mental de gagnant et des qualités physiques compactées dans un corps athlétique, équilibré et réactif. Tout pour gagner avec la manière des plus grands. Alors aujourd’hui, Cheval de fille revient sur les petits chevaux qui ont marqué le grand sport.
Jappeloup de Luze, 158 cm
Vous connaissez Jappeloup de Luze, l’immense et tout petit champion de Pierre Durand qui a remporté la médaille d’or aux jeux Olympiques de Séoul en 1988 ? Oui bien sûr. Dans son film éponyme, Guillaume Canet incarne avec brio LE SEUL CAVALIER AMATEUR qui a intégré l’équipe de France et s’est hissé au plus haut niveau avec son génie des barres. L’occasion d’en apprendre davantage sur cette histoire incroyable. La carrière de Jappeloup était plutôt mal partie avec ses origines mi-trotteur/mi-pur-sang qui ne le prédestinaient pas au grand sport et sa petite taille. Jeune, son caractère à la fois délicat et bien trempé le rendait difficile. Quant à Pierre Durand, il avait fait des études de droit et travaillait dans un cabinet d’avocat, ce qui lui laissait peu de temps pour se consacrer à l’exigence du haut niveau. Malgré des circonstances plutôt défavorables, Pierre Durand et Jappeloup ont réussi à faire couple (et quel couple ! Le plus célèbre des années 80). Une belle amitié au-delà des échecs et des doutes, pour se hisser au sommet. Comme quoi, avec du cœur, on arrive à tout !
Les petits chevaux qui ont marqué le sport avec Cédric, 157 cm
Cédric le compagnon d’1m57 de la cavalière américaine Laura Kraut est un des petits chevaux qui a marqué le grand sport. Elle décrit à de nombreuses reprises le lien fort qu’elle entretenait avec son protégé. « J’avais toujours un sentiment incroyable sur son dos. Il se déplaçait comme un grand cheval » se remémore-t-elle avec émotion. Cédric, alias Monkey « le singe » (parce qu’il était malin comme un singe) était le charisme et l’intelligence incarnés. En concours, il s’échappait souvent et allait faire la tournée des emplacements. « Tous les grooms le connaissaient et l’adoraient » s’amuse-t-elle. D’un tempérament plutôt timide et délicat monté, il prend peu à peu confiance grâce à sa cavalière qui détecte immédiatement le crack en lui. En 2008 le couple décroche une médaille d’or par équipe aux jeux olympiques de Hong-Kong, ainsi que 4 premières places aux Longines Global Champions Tour.
La belletière 158 cm
La Belletière surnommée par Hervé Godignon « mon petit bout de sang » était une jument inarrêtable au caractère très difficile. Cette fine athlète noire de 157 cm était dure, compliquée et bourrée d’énergie. « Elle allait toujours contre » confie-t-il, dans une interview de Grand prix TV. « On voulait ralentir, elle accélérait ». Pourtant, la liste de leurs victoires est longue comme le bras : 2 titres de champion de France, médaille d’argent au championnat du monde à Rotterdam, 2ème à Calgary et bien d’autres. La « zoup » si généreuse serait passée de 115 à 145 gagnant en 7 parcours. Difficile de faire mieux en termes de talent. Il n’y aurait en tout cas sûrement eu qu’Hervé Godignon pour guider cette guerrière si spéciale sur les meilleurs chemins de sa carrière. Bravo !
Itôt du château, 157 cm
Itot du Château, c’est le petit crack d’Edwina Tops Alexander qui a cumulé plus de 3 millions de dollars de gains. L’alezan de légende a su marquer ses adeptes par son énergie mémorable, son incroyable couverture, sa technique parfaite et son mental de gagnant. « Il était trempé dans l’acier », confie son éleveur, Jean Grandjean, des années plus tard. Victime d’un accident de la route à 4 ans, il est sauvé de justesse après de longs mois de convalescence. Il est ensuite acheté et valorisé à partir de 6 ans par Michel Hécart au Haras de la Roque qui repère en lui un véritable crack. C’est à ses 11 ans que Jan Tops en fait l’acquisition pour son épouse, la cavalière australienne Edwina Tops Alexander qui a un coup de cœur instantané. À peine 8 mois plus tard, ils se retrouvent à l’échéance des Jeux Olympiques de Hong Kong avec un double sans fautes ! « Toti » pour les intimes aura remporté 15 podiums sur tous les plus beaux terrains du monde et une centaine de classements. Il sera arrêté à 18 ans, en pleine forme, sans qu’il ne montre aucun signe de déclin. Une superbe histoire de A à Z pour ce petit cheval qui a marqué le grand sport.
Les petits chevaux qui ont marqué le sport avec Ohlala, 155 cm
Ohala, comme tous les petits chevaux de cette sélection à un caractère bien trempé et une détermination sans faille (elle accueille souvent les spectateurs les oreilles plaquées en arrière). Quand on regarde le minitel de la toute petite jument de Lauren Hough, c’est pratiquement un classement sur 3 avec des gains réguliers de 2000, 10 000 et 40 000 € ! Lauren à propos de sa talentueuse par Orlando et Cardento parle d’un véritable love at first sight. Elle confie avoir compris rapidement que la jument était très spéciale. « Je pense qu’elle est née gagnante. C’est une battante et elle a un jugement très fiable de l’obstacle. ». Comme un grand talent induit souvent beaucoup de délicatesse, les cavaliers doivent chercher la bonne formule pour aider un crack à se révéler. À propos de Ohlala Lauren Hough se remémore « Au début, elle ne pensait qu’à foncer et il a fallu lui apprendre à prendre davantage son temps ». C’est sur les plus prestigieuses pistes du monde, à Calgary, Rotterdam ou encore à Aix-la-Chapelle que le couple s’illustrera avec la manière, avant qu’Ohlala ne soit arrêtée en 2017 où elle fera quelques transferts d’embryons. Que de promesses pour l’avenir cette petite jument qui a marqué le grand sport !
Quolita Z, 153 cm
Et oui ! Quolita Z détient le record de taille des plus petits chevaux qui ont marqué le grand sport, avec une toise de 153 cm au garrot. Avec son tempérament de guerrière, elle s’est défendue sur de superbes concours, en sautant des obstacles plus hauts qu’elle (au Paris Eiffel Jumping par exemple). Son cavalier montpelliérain, Harold Boisset, raconte son destin exceptionnel. Propriété de l’association Montpellier Grammont, Quolita « a commencé à faire des cours galop 4 avec des enfants de 10 ans. » Pleine à l’âge de 4 ans, puis récupéré un an plus tard pour le commerce, Harold a une intuition et milite pour la garder. « Elle sautera les 120 avec les enfants » défend-il. À la stupéfaction de tous, elle montre des qualités insoupçonnées en cycles classiques 5, 6 et même 7 ans et sa carrière décolle lorsqu’elle gagne la première épreuve des championnats du monde jeunes chevaux à Lanaken. Quolita enchaîne les classements à 8 ans et gagne une 150 à Royan. « Elle a toujours été vraiment compétitive (…) Pour moi, sa force principale réside dans son mental » analyse Harold. Le couple est ensuite repéré par Philippe Guerdat qui leur ouvre les portes des coupes de nations seconde catégorie. Ils intègrent alors le top 100 mondial.
Quick Star, petit d’1m59 cheval qui a marqué le grand sport
Qui ne connaît pas l’immense chef de race Quick Star, père de 91 étalons approuvés dans 20 studbook différents, dont Orient Express HDC, Big Star, Quick Study, Vleut, Untouchable M, Movie Star Tilia, Ulpien d’elle ? Personne ! Meredith Michael Beerbaum, la cavalière qui a lancé sa carrière, en parle comme « d’un phénomène avec des ressorts aux pieds ». Quick Star gagnait son premier Grand prix international à Palm Beach en Floride à seulement 7 ans et permettait à son acolyte de remporter sa première voiture à Maastricht. Soudainement retiré à Meredith avec force déception, le propriétaire de Quick Star (Isaac Arguetty) décide de le confier à Nick Skelton en 1996. Nick le garde seulement un an sous sa selle avant que le crack ne soit vendu au producteur cinématographique Alain Katz qui le met à la reproduction. Sa carrière d’étalon décolle véritablement à cette période. Alors que la santé d’Alain Katz décline, Quick Star est racheté par le Haras des M à 21 qui lui offre une retraite bien méritée. Il meurt à 29 ans. Mérédith de son côté aura pris sa revanche, en récupérant la première fille de Quick Star, la Stella, grâce à qui elle se classera dans les circuits coupe du monde et les coupes d’Europe.
Ryan des Hayettes, 159 cm
Ryan des Hayettes renommé Hermès Ryan par son sponsor du Grand prix Hermès a fait toute sa carrière sous la selle de Simon Delestre. Cheval d’une vie par excellence et compagnon de légende, il a été nommé numéro 1 mondial en 2016. « À sa grande époque il avait tout, le respect, la vitesse, les moyens, l’intelligence. C’est un cheval qui est absolument complet » explique Simon Delestre. Hermès Ryan c’est la longévité incarnée : 12 ans sous la selle du cavalier français et 8 ans de haut niveau. « Le seul grand prix indoor qu’il n’a pas gagné c’est Bordeaux » s’amuse Simon. Arrêté dans sa pleine forme à 17 ans, le petit-fils de Ryon d’Anzex coule aujourd’hui des jours heureux en Normandie, aux écuries où il a passé la majeure partie de sa vie. Sa groom Audrey Moranda, qui avoue l’aimer d’amour tendre continuera de s’en occuper avec dévotion. Il restera sans aucun doute un des petits chevaux les plus célèbres qui a marqué le grand sport !
Ratina d’la Rousserie, 157 cm
Cette fille de Quaprice Bois Margot et Apache d’Adriers appartenant à Geneviève Megret est un petit bout de génie extrêmement délicate à manager. Passée sous la selle de Pénélope Leprevost en 2014, elle a montré toutes les qualités d’une grande dame, parmi lesquelles une incroyable couverture, un sens de la barre remarquable et énormément d’influx. Tout celà sans sauter une barre montée à la maison, car Madame Ratina d’la Rousserie ne le supportait pas ! Lorsqu’on écoute les témoignages de sa cavalière et de sa propriétaire, son tempérament de guerrière et son envie de bien faire en piste reviennent toujours (malgré son caractère de feu à la maison). « Ratatouille » de son surnom cumule un joli palmarès en CSI5* et CSIO. Elle est notamment 1ère d’un Grand prix CSI5* à Cannes et 2ème d’une coupe des nations à Aix-la-Chapelle. Pour anecdote, cette petite grande dame serait née dans la neige en l’absence de son éleveur, sans aucun problème de santé. Nul doute que sa niaque allait la hisser parmi les plus grands !
Et voilà, vous arrivez à la fin de cette liste des plus petits chevaux qui ont marqué le grand sport. Ce qu’on peut retenir presque systématiquement, c’est le charisme de ces cracks au modèle réduit, qui ont compensé leur taille par leur courage, leur qualité et leur générosité. Pour les circuits amateurs auxquels participent les cavalières dynamiques, les poneys hors-taille sont souvent affutés pour gagner. Notre liste n’est pas exhaustive et vous avez peut- être d’autres champions de moins de 160 cm en tête ? Où alors, un petit cheval au talent immense qui galope pour toujours dans votre cœur ? PARLEZ-NOUS EN !!!
Charlotte Allinieu
Ce contenu GRATUIT a été écrit avec soin pour vous informer, vous étonner et vous cultiver. N’hésitez-pas à commenter, partager et liker sur les réseaux. C’est le meilleur moyen de me soutenir.
