Pourquoi travailler en synergie dans la filière équine

« Gérer une structure équestre, c’est du relationnel à 80 % » confie Manon, gérante de structure en Gaec avec son père. Beaucoup de professionnels du monde équestre rejoignent cette thèse, à leur grand désespoir parfois. Certains ont tenté de faire des affaires avec un confrère et se sont « fâchés » rapidement. D’autres préfèrent « n’avoir de compte à rendre à personne », déçu par des collaborations bancales. « Ils ont tout vu et tout entendu, mais au fond, ils n’y comprennent pas grand-chose » explique Pierre, un paysan normand. Pourtant, vivre de son rêve et faire de grands projets implique souvent de collaborer, de partager des savoir-faire et quelquefois, de prendre des risques ensemble. De plus, recrédibiliser un milieu malmené qui fait face au défilé des amateurs aux allures de pros impliquerait un tantinet plus de solidarité. Cheval de fille se positionne en faveur de l’entraide et d’un réseau de services organisé en bonne intelligence. Alors, pourquoi travailler en synergie dans la filière équine ?

Travailler en synergie pour redonner du sérieux à la filière

Cette information n’est une nouveauté pour personne : la filière équestre connaît de grandes difficultés ces dernières années. La disparition successive des primes d’état à l’élevage, la TVA à 20 %, l’explosion des tarifs d’assurance due en partie à une clientèle de plus en plus frileuse devant les dangers du sport, la multiplication des experts improvisés sur les réseaux sociaux, etc. Tout cela fait du mal aux professionnels de l’équitation et au sérieux qui doit accompagner les transactions au sein du monde équestre. Une masse de choix à la qualité parfois douteuse (servis dans de superbes emballages), désoriente les potentiels clients.

Simultanément, on voit fleurir des écuries, des centres équestres et des élevages concentrés dans des mêmes zones. Ces nouvelles installations jouissent un temps du bénéfice de la nouveauté… Avant d’être concurrencé par d’autres. Les mauvaises expériences écœurent parfois les cavaliers avant qu’ils ne soient tombés dans de véritables mains expertes. Quel dommage !

Se créer un réseau solide et en symbiose entre professionnels pourrait redonner de la crédibilité à certains secteurs du monde équestre. Une synergie bien pensée garantirait le respect de règles élémentaires en matière de qualité, pourquoi pas sous forme de charte. À la clef ? De meilleures conditions d’élevage, de travail et de stationnement des chevaux, des biens et des services plus qualitatifs, des prix adaptés, la possibilité pour les professionnels consciencieux de vivre décemment de leur métier et de se former.

En bref, travailler en synergie permettrait de redonner du sérieux à la filière équine !

Faire équipe pour améliorer ce qui existe déjà !

Le monde du cheval offre déjà beaucoup de possibilités ! Ce qu’il reste à améliorer est tout simplement considérable et il est particulièrement dommage de vouloir copier ses confrères qui font les choses bien. Par exemple ? Il manque désespérément de structure de retraite et l’invention un système de cotisation pour les vieux chevaux serait formidable. On constate une grosse demande en ce qui concerne le matériel d’extérieur technique (heureusement qu’Angélique Hoarau a créé Haizum !). De même, il existe peu de courtier spécialisé dans les chevaux de loisir orientés sport. L’explosion des start-up le montrent : les bonnes idées ne manquent pas.

Si vous n’êtes pas un innovateur dans l’âme et que vous aimez les recettes classiques, ça fonctionne aussi. Il y a toujours moyen de trouver ce qui pourrait être complémentaire à la concurrence : organiser des évènements, se spécialiser dans la location de matériel ou d’installations, faire de la libraire, des stages d’attelage, d’éthologie ou de maréchalerie, se lancer dans la valorisation de chevaux difficiles ou récupérés de la boucherie, etc. L’état d’esprit et l’envie de collaborer changent tout.

Dans le monde de l’élevage, combien de yearling de qualité ne trouvent-ils pas preneur pour faire encore naître des OC à la pelle ? Ne serait-il pas plus judicieux d’acheter ses poulains aux éleveurs dont c’est le métier ou de faire reproduire des juments avec des étalons correctement valorisés pour faire vivre des professionnels attachés à la qualité ?

Bref, il est citoyen de se renseigner sur ce que font les voisins pour améliorer ce qui existe déjà !

Travailler en synergie pour optimiser chaque compétence

Aucune conception ne recoupe complètement une autre !

Dans les grandes entreprises qui ont la capacité de proposer une prestation haut-de-gamme, il y a tout intérêt à ce que chaque collaborateur se spécialise dans un seul domaine. Dans le secteur équestre, c’est pareil. Prenez un haras de renommée internationale comme Béligneux, le Pin ou Clarbec par exemple. Les postes proposés sont très ciblés : responsable d’élevage, inséminateur, chargé de clientèle, chargé de communication, palefrenier, cavalier jeunes chevaux, cavalier maison, cavalier de concours, groom, etc. Alors que ces hommes/femmes de cheval ont les mêmes centres d’intérêt, travaillent dans la même entreprise et ont des idées similaires. ils ne se font pas concurrence. Pourquoi ? Leur cadre de travail rend leurs expertises complémentaires. Résultat : l’entreprise prospère grâce à la symbiose entre autorité individuelle et intérêt commun.

ET SI ON ARRIVAIT AU MÊME RÉSULTAT À ECHELLE DÉPARTEMENTALE ? 

On a parfois l’impression qu’on se vole dans les plumes, mais il y a pourtant autant de façons de concevoir l’équitation que d’expériences du cheval. On s’en rend bien compte au cours des manifestations nationales comme Lamotte Beuvron. Si on laissait réellement la possibilité à chacun d’aller au bout de son idée, on se rendrait compte qu’AUCUNE CONCEPTION NE RECOUPE COMPLÈTEMENT UNE AUTRE ! En cela, chaque vision éclairée apporte quelque chose d’unique à la filière équine.

Quand on s’amuse à combiner tous les possibles, on remarque que les résultats sont illimités. IL Y A DE LA PLACE POUR TOUT LE MONDE et les compétences de chacun sont complémentaires !

Différencier loisir et métier pour travailler en synergie dans la filière équine

PASSION OU TRAVAIL, IL FAUT CHOISIR ! Combien de cavaliers se sont déjà dit que leur passion coûterait moins cher s’ils en faisaient un métier ? Erreur stratégique, car on ne s’improvise pas professionnel pour son seul intérêt. Il s’agit d’un investissement sur le long terme, qui nécessite de réelles compétences et entraîne des remises en question dures à avaler. 

Pour qu’un métier soit viable, il faut SATISFAIRE RÉELLEMENT UNE CLIENTÈLE, même si cela contrevient à notre plaisir (vendre un cheval qu’on aurait préféré garder pour soi par exemple). Une passion transformée en travail engendre parfois bien plus de frustrations que de plaisir. 

Si on est amateur, il est important de se poser les bonnes questions. Oui, un professionnel récupère la TVA et se crée un réseau enviable. Oui, il est toute la journée en contact avec les chevaux. Mais peut-il pour autant continuer de se faire plaisir pour lui ? Peut-il aller au bout de ses idées ? S’offrir le luxe d’évoluer à son rythme quand la caisse est vide ? Bien des cavaliers se sont brûlés les ailes à cause d’un mauvais ciblage professionnel. Ne vaut-il pas mieux profiter du cheval comme loisir ? C’est aussi cela la synergie : admettre que n’être pas tous faits pour la même chose crée de la richesse et de l’abondance.

Il est donc important de différencier loisir et métier pour conserver la synergie dans la filière équine!

Vous arrivez à la fin de cet article qui vous a, nous l’espérons, convaincus de travailler en synergie dans la filière équine. Dites nous si en tant qu’amateur ou professionnel du secteur vous favorisez l’entraide et la bonne intelligence ? Quel est votre métier, votre produit et votre savoir-faire ? N’hésitez pas à alimenter le débat si vous trouvez ce contenu intéressant.

À bientôt pour de nouveaux articles sur Cheval de fille ! 

Charlotte Allinieu